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Je m’appelle Farida Kendri, chargée d’innovation sociale chez Est Métropole Habitat, bailleur social présent sur l’Est Lyonnais qui gère 17 000 logements principalement sur Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et St-Priest.
Le métier du logement social a été une évidence pour moi. J’ai travaillé en tant que responsable de secteur pour différents bailleurs sociaux du territoire pendant 7 ans. J’ai développé une réelle appétence pour les relations de proximité et se sont ces expériences de vie sur le terrain qui m’ont amené jusqu’à mon poste actuel au sein du service innovation sociale, et ce depuis 4 ans.
En tant que chargée d’innovation sociale, quels sont vos enjeux au sein d’Est Métropole Habitat ?
Le service innovation sociale coconstruit des projets en lien, soit directement avec les habitants, soit avec des structures locales (institutionnelles, acteurs de l’ESS) autour de 3 enjeux majeurs :
- Le vivre-ensemble
- Le développement du pouvoir d’agir des habitants
- La lutte contre toute forme de précarité
En tant que bailleur social, Est Métropole Habitat a une mission d’intérêt général. Grâce au lien de proximité entretenu avec les habitants, nous avons une très bonne connaissance de nos locataires. Ce qui nous permet de mieux identifier leurs difficultés, mais également de construire le futur en tenant compte de leurs besoins.
POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER D'UN EXEMPLE DE PROJET QUE VOUS MENEZ ?
Le projet qui me tient le plus à cœur en ce moment est celui des « Chantiers jeunes XXL ».
Le chantier jeunes est très utilisé par l’ensemble des bailleurs, où des jeunes viennent travailler sur nos résidences, soit pour réaliser des travaux de peinture ne demandant pas de compétence particulière, soit pour des missions de sur-entretien en appui de nos responsables d’immeubles.
Nous avons crée ce modèle de chantiers jeunes XXL au sein d’Est Métropole Habitat, car ils durent longtemps (entre 4 et 8 semaines), XXL car ils accueillent beaucoup de jeunes (121 jeunes sur le quartier St-Jean), XXL aussi dans l’ambition que l’on se donne en impliquant différents acteurs, experts de l’accompagnement des jeunes (service jeunesse de la Ville, Acoléa, prévention spécialisée, associations de jeunes, centres sociaux, SPIP…).
De ce fait, nous accueillons une grande diversité de jeunes âgés de 16 à 26 ans : jeunes déscolarisés ou en voie de déscolarisation, réalisant des TIG, TAPAJeurs mais aussi des jeunes cherchant à financer des loisirs, ou des formations comme le Bafa.
À quels enjeux répond TAPAJ ? Qu'est-ce qui vous a ammené à collaborer avec tapaj ?
C’est TAPAJ qui est venu à notre rencontre. Il faut savoir que la question des addictions est très présente chez les bailleurs sociaux, mais nous n’avons jamais véritablement réussi à nous pencher sur ce sujet. La question est de savoir quel pourrait être le rôle du bailleur sur cette thématique. Ce qui est certain, c’est que les publics en situation d’addiction peuvent impacter les enjeux de bien vivre-ensemble sur nos résidences.
Ce qui nous a intéressé, c’est que TAPAJ travaille à la fois sur les addictions, mais aussi sur les ruptures familiales et sur un public jeune. Le programme répondait à des problématiques relevées sur nos résidences.
Le côté expérimental du programme nous convient car il permet d’être enrichi par toutes les parties prenantes. Le fait d’avoir un partenaire engagé sur la question des addictions, qui utilise un format de travail simplifié, à savoir, aller à la rencontre des publics concernés dans les squats ou en pied d’immeuble en proposant une rémunération à la journée, c’est inédit ! Il n’y a pas besoin de convaincre beaucoup ce public, il n’y a pas d’engagement de leur part et compte tenu de leur fragilité, je trouve que c’est une solution très adaptée.
Nous avons également choisi TAPAJ pour le lien possible avec le personnel de proximité, notamment sur des missions de sur-entretien qui nous permettent d’apporter un appui aux responsables d’immeubles mais aussi d’ouvrir les discussions entre TAPAJ et les responsables d’immeubles, qui sont en première ligne sur ces questions d’addictions. Cela vient enrichir le projet.
Tout comme un des invariants TAPAJ, le Développement du pouvoir d’agir des jeunes fait partie de vos axes de travail au sein d'Est Métropole Habitat, pouvez-vous nous en dire plus ?
Tout à fait ! Nous partons du principe que chaque personne a des envies et des compétences et il arrive très régulièrement qu’une personne ne soit pas consciente de ses capacités. On vient alors mettre le doigt sur le positif et mettre en arrière-plan ses difficultés pour lui permettre d’avancer, de se projeter dans un avenir meilleur.
Quels sont les projets à venir entre Est Métropole Habitat et TAPAJ ?
Nous avions réalisé une expérimentation sur le quartier Saint-Jean qui s’est très bien passée. À la fin de la semaine les jeunes présents nous ont demandé spontanément de pouvoir retravailler. Ils voulaient d’ailleurs rester sur le chantier. À ce moment-là, il nous était très difficile de prolonger mais nous nous sommes engagés à poursuivre le partenariat sur d’autres projets.
C’est pourquoi nous avons déposé une fiche projet auprès de la Ville de Villeurbanne afin que celle-ci nous soutienne dans la programmation de plusieurs semaines de travail avec TAPAJ en 2022.
C’est chose faite ; un sur-entretien est programmé de manière régulière tous les 15 jours durant 3h en binôme (un TAPAJeur et un responsable d’immeuble) en présence de l’encadrant TAPAJ sur le quartier Saint-Jean.
Je souligne l’engagement de tous les responsables d’immeuble de ce quartier qui sont tous volontaires sur ce projet. Je pense qu’ils vont beaucoup s’apporter mutuellement.
Il faut savoir que le travail quotidien des responsables d’immeuble n’est pas simple et très diversifié. Ils représentent le 1er contact entre le locataire et le bailleur. Cela demande des qualités relationnelles. ils sont aussi beaucoup dans le partage et empathiques.
Les gardiens vont partager leurs quotidiens avec les TAPAJeurs, les TAPAJeurs vont vivre leurs quotidiens. Je suis très optimiste sur ce que cela va produire !
De manière globale, j’aimerais que l’on arrive à multiplier ces occasions de rencontres et renforcer le lien entre Est Métropole Habitat et TAPAJ. Suivant les résultats de cette expérimentation, si celle-ci s’avère concluante, nous pourrions envisager de poursuivre cette action sur plusieurs de nos quartiers.
Un souvenir avec TAPAJ/ les TAPAJeurs à partager ?
Je me rappelle particulièrement de deux jeunes TAPAJeurs rencontrés sur le chantier à Saint-Jean qui semblaient très fermés le premier jour, pas à l’aise et qui se sont complètement ouverts au fur et à mesure des jours.
À la fin de la semaine, ils étaient très souriants, j’ai été marquée par la lumière dans leur regard qui m’a fait chaud au cœur et qui s’est fait en seulement quelques jours grâce à un accueil bienveillant de tous et une valorisation des tâches accomplies. Au-delà de ma mission professionnelle, je crois qu’en permettant la rencontre entre des personnes qui naturellement ne le ferait pas, nous pouvons modifier les regards. Encourager les plus fragilisés par la vie à se projeter dans le futur en rêvant de nouveau et trouver ou retrouver la place qu’ils souhaitent occuper dans la société.
Merci à Farida Kendri pour sa participation à ce portrait d’acteur. Pour avoir plus d’information sur la mise en place d’un partenariat avec TAPAJ, RDV sur notre page « Être Partenaire »