D'où vient TAPAJ ? Comment est né TAPAJ France ?

Né au Québec et crée par Spectre de Rue en 2000 à Montréal, TAPAJ est le premier programme de pré employabilité destiné à des personnes marginalisées. A ce jour, au moins cinq autres associations ont repris le concept au Québec.  

Tout commence en 1999, par une étude de terrain réalisée auprès de jeunes en errance pratiquant le squeegeeing, c’est à dire le nettoyage des pare-brises aux feux rouges. Les recommandations issues de ce travail sculptent alors la nécessité de créer des alternatives à la judiciarisation de ces jeunes qui pratiquent des métiers de rue, considérés comme illégaux. Une banque d’emploi se met ainsi en place pour offrir des activités rémunératrices diversifiées et dès la première année, l’initiative remporte un vif succès auprès des jeunes, attirés par la nature et le statut des activités à leur disposition (lavage de vitrines de locaux vacants et création d’une murale artistique). L’idée du TAPAJ est née ! 

En 2003, le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec remet à TAPAJ, le prix d’excellence « Persiller Lachapelle » dans la catégorie Soutien aux personnes et aux groupes vulnérables. 

En 2007, le Centre International pour la Prévention de la Criminalité (CIPC) accueille un professionnel du CEID-Addictions pour des échanges de pratiques. Trois ans plus tard, inspiré par l’expérience québécoise, un projet de transférabilité du programme TAPAJ émerge à Bordeaux. Nous sommes en 2010. Seulement, face à cette idée innovante, la plupart des partenaires institutionnels craignent une régression et une précarisation supplémentaire du travail. Seule la Mairie de Bordeaux, notamment le service du Développement Social Urbain (DSU) en charge de la gestion des nuisances publiques, croit au projet et accepte d’apporter son soutien pour adapter et déployer un programme TAPAJ à Bordeaux.   

Un long et délicat travail d’adaptabilité s’engage alors, pour que le périmètre et les modalités de fonctionnement du programme soient conformes au Code du Travail français. Fastidieux et semé d’embûches, le projet est clairement mis en péril. Pourtant, courant 2011, un ensemble d’acteurs privés affirment leur intérêt et poussent à persévérer dans l’étude de la transférabilité.   

En 2012, grâce à la confiance de la Fondation Auchan, le CEID-Addictions s’affranchit temporairement des difficultés financières de fonctionnement pour lancer concrètement l’action. Le DSU de la Mairie de Bordeaux réaffirme son soutien en proposant et finançant le premier gisement de désherbage des rues de la ville. La première expérimentation de TAPAJ Bordeaux commence ! L’année suivante, la dynamique partenariale avec les acteurs privés se renforce plus activement encore. Les premiers plateaux de travail sont proposés par la SNCF, Auchan Mériadeck, ERDF puis le Fonds de dotation Bordeaux Solidaire. 

Grâce à cet archipel d’acteurs privés ou publics et au partenariat avec l’Association Intermédiaire ARE 33 du secteur de l’Insertion par l’Activité Economique, l’écosystème du programme TAPAJ est véritablement sécurisé. TAPAJ est donc lancé officiellement par Alain Juppé, Maire de Bordeaux. Dans le même temps, les liens d’origine avec le Québec se poursuivent, s’illustrant lors d’une journée de jumelage en présence de Gilles Beauregard, alors Directeur de Spectre de rue et de Tapajeurs Bordelais. Enfin, la Fondation Orange propose ses compétences pour élaborer un site internet et un blog TAPAJ, construit avec les Tapajeurs Bordelais et servant de lien entre eux, de part et d’autre de l’Atlantique.

Le 9 décembre 2013, riche de son expérience, le CEID-Addictions organise avec l’appui de la MILDECA, une journée de présentation du programme TAPAJ mis en place à Bordeaux. À la suite de cette rencontre, de nombreuses structures spécialisées en addictologie manifestent leur intérêt pour développer en leur sein et sur leur territoire, des programmes TAPAJ.  
Mobilisé dans différentes instances de travail du champ de l’addictologie, adhérent à la Fédération Addiction, le CEID-Addictions prend alors un rôle majeur pour répondre à la demande émergente d’essaimer TAPAJ sur le territoire national. La MILDECA, reconnaissant la capacité de mobilisation fédérative et les compétences en ingénierie de projets participatifs de la Fédération Addiction, confie à cette dernière la mission d’accompagner des futurs porteurs de projets TAPAJ du territoire national. Ainsi, en mars 2014, avec le soutien de la MILDECA et l’expertise du CEID-Addictions, la Fédération Addiction lance un projet national visant à accompagner la transférabilité du programme TAPAJ en France. Cet objectif s’intègre alors dans le plan MILDECA 2013-2017 à l’axe stratégique 1.3 « Réduire les risques sanitaires et les dommages sociaux », objectif 1.3.2 « Favoriser la dimension socioprofessionnelle dans la prise en charge globale ». 

Le plan global d’accompagnement se structure sur deux ans (2014-2015). Il comprend une première phase de modélisation et conceptualisation d’outils communs telle que la Charte TAPAJ puis une phase d’appui collectif et personnalisé, des nouveaux porteurs de programmes.  
Pour plus d’informations, voir l’article sur le site de la Fédération Addiction. 

De 2014 à 2018, le réseau TAPAJ poursuit activement sa structuration et travaille à son développement : outils d’accompagnement, rencontres du réseau, réflexion sur les pratiques professionnelles, stratégies à venir…  La nécessité d’une personne morale représentative amène tout naturellement à la création officielle de l’Association TAPAJ FRANCE le 2 juin 2016. Si une dizaine de CSAPA ou CAARUD se sont lancés dès 2014, d’autres les rejoignent bientôt. Les résultats sont là et de nombreux TAPAJeurs témoignent de leur parcours vertueux dans TAPAJ. Ce ne sont plus seulement les CSAPA et CAARUD qui s’intéressent à TAPAJ. Le programme fait de fait, écho à de nombreux secteurs, traversés eux aussi par les problématiques rencontrées par le public jeune en grande précarité (social, IAE, justice, etc.). A partir de 2017, des demandes d’information émergent de Missions Locales, de Municipalités, de Conseils Départementaux, d’Associations Intermédiaires, etc. L’association enrichit ses méthodes d’accompagnement en optimisant toutes les forces vives en présence autour des CSAPA/CAARUD, porteurs des programmes.

Fin 2018, le Président de la République, Emmanuel Macron, lance sa “Stratégie Nationale de Lutte contre la Pauvreté” dans laquelle il promeut spécifiquement quatre dispositifs expérimentaux dont le programme TAPAJ. Cette annonce se structure grâce à une convention d’objectifs et de moyens établie sur quatre ans (2019-2022) ainsi que d’un budget dédié à sa mise en œuvre. Cet engagement réunit les partenaires impliqués historiquement dans TAPAJ : la Direction Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP), la Mission Interministérielle de Lutte Contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) et le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR).
TAPAJ France ouvre un nouveau chapitre de son déploiement national. Les moyens alloués permettent d’emblée de renforcer significativement l’équipe salariée avec des compétences spécifiques en matière d’animation de réseau, d’expertise multi domaines (addictologie, IAE, fundraising,…) et de développement commercial. Le changement d’échelle s’opère semaine après semaine. L’accompagnement des prospects et des membres adhérents se structure en synergie avec les Commissaires chargés de la mise en œuvre de la Stratégie de Lutte contre la Pauvreté sur les territoires.
En 2020, 12 nouveaux programmes ont été validés. Début 2021, TAPAJ France fédère au total 36 programmes représentant 12 régions.

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